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Enfants de salauds (Play Dirty) – de Andre de Toth – 1968

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Enfants de salauds (Play Dirty) - de Andre de Toth - 1968 dans 1960-1969 Enfants%20de%20salauds_zpsjdl43u29

Ne pas se fier au pitch de ce film de guerre anglais (une bande de repris de justices transformés en soldats pour remplir une mission suicide dans le désert lybien de 1942), ni même au titre original : Play Dirty est loin, très loin, du Dirty Dozen (Les 12 salopards) tourné par Aldrich l’année précédente, et qui a entraîné toute une série de productions va-t-en guerre à grand spectacle.

Visuellement déjà, De Toth prend un parti-pris radical, dépouillant les images de la moindre tâche colorée. Tout semble n’être que sables et pierres dans ce film. Le désert bien sûr, mais aussi les uniformes, les véhicules, les visages, jusqu’au ciel qui n’offre aucune échappoire à la chaleur écrasante et à la poussière.

Et puis la mission de ce petit groupe n’a strictement rien d’héroïque. Elle se résume la plupart du temps à une lente avancée à travers le désert, parsemée des embûches incontournables du genre : un champ de mine, une tempête, la rencontre avec des autochtones hostiles… On se croirait presque dans un remake de La Piste des Géants, le western du début du parlant de Walsh. Le film lui rend d’ailleurs un hommage direct, avec cette scène au cours de laquelle les soldats franchissent une falaise en attachant leurs voitures à des câbles, copié-collé d’une séquence du film de Walsh.

De Toth étire le temps et évite soigneusement d’enchaîner les morceaux de bravoure. Il y en bien quelques-uns, assez époustouflants. Mais ce qui frappe le plus dans ces scènes d’action, c’est la manière dont le cinéaste utilise l’espace de ses décors naturels, créant un mouvement complexe et brillant, d’une fluidité et d’une clarté exceptionnelles.

Pas d’actes héroïque, donc, mais une tension à couper au couteau, et une vision sans concession de « l’art de la guerre ». A la tête de ce petit groupe, l’innocent officier Michael Caine perdra rapidement ses illusions au contact des réalités du combat, et d’un autre officier nettement plus sombre interprété par Nigel Davenport.

La charge anti-militariste n’est pas toujours très fine, cela dit. Les passages mettant en scène le cynisme des têtes pensantes de l’armée, qui utilisent les hommes de terrain comme de simples pions sacrifiables, sont un rien trop caricaturaux. Mais Play Dirty, ultime réalisation d’Andre De Toth, est un grand film de guerre, d’une puissance rare. Et dont la dernière scène souligne formidablement l’absurdité de la guerre. En laissant un goût amer durable.

• Bertrand Tavernier considère Play Dirty comme l’un des plus grands films de guerre jamais tournés. C’est ce qu’il dit, avec sa passion et son érudition habituelles, dans la présentation du film qu’il fait en bonus du DVD, édité dans la collection « Classique de guerre » de Sidonis/Calysta. Autre présentation passionnée celle de Patrick Brion.


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